Bouvine : pour que vive le Taureau de Camargue !

Dans la France du sud-est, dans un paysage de carte postale où terres et eaux s’entremêlent à l’infini, des enjeux économiques, touristiques, sociaux et culturels se jouent autour des traditions taurines de Camargue : la bouvine.

Une création continue

La bouvine, ou bovino désigne l’ensemble des traditions, manifestations culturelles et sportives autour du taureau de Camargue, localisées dans l’aire naturelle du même nom (départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, le Sud du Gard et l’Est de l’Hérault). On peut recenser dès le XVIe siècle des jeux taurins répartis dans des fêtes locales annuelles, mais aussi lors de grandes cérémonies à l’occasion de la venue dans la région du Roi de France et autres hauts officiels.

D’abord libres et spontanés, ces jeux taurins (parallèlement aux joutes nautiques de Sète) ont été peu à peu codifiés sous l’influence des membres du félibrige, mouvement littéraire créé par le plus célèbre de nos poètes de langue d’Oc, Frédéric Mistral, jusqu’à adopter la forme actuelle que nous leur connaissons vers 1900 environ.

Les manifestations liées au monde si particulier de la bouvine, du bioù, du gardian et de la manade, des arènes, incarnent une tradition en ce qu’elles sont une création continue alimentant la vitalité de nos territoires, souvent ruraux – et leur transmission aux générations futures.

Un patrimoine culturel économique, mais aussi environnemental et naturel

La bouvine est un héritage tout autant naturel que culturel. C’est grâce aux manadiers historiques comme Folco de Baroncelli que la race du taureau de Camargue (tout comme celle du cheval homonyme), très spécifique, a été sauvée de l’extinction à la fin du XIXe siècle. Et au-delà de l’attractivité touristique qu’elle suscite – et donc des retombés économiques considérables -, elle est évidemment un symbole de l’identité culturelle camarguaise.

Aujourd’hui, on compte quelques 150 manades et 180 manadiers, avec peu de salariés mais des milliers d’amateurs bénévoles indispensables à la vie des manades, qu’il s’agisse de planter les piquets de clôture ou de participer aux abrivados. Sans compter bien sûr les milliers d’adhérents des clubs taurins, qui sont les organisateurs des courses camarguaises et de fêtes champêtres dans les villages, acteurs incontournables de l’animation de nos territoires ruraux.

Une tradition compatible avec la modernité

Cet écosystème économique, agricole et culturel fait actuellement l’objet d’attaques de pseudo-écologistes entretenant certaines confusions… La course camarguaise, le plus populaire des jeux taurins locaux, officiellement reconnue par le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques, ne maltraite ni ne tue les taureaux. Bien au contraire, ceux-ci sont bien nourris, bien traités car ne nous y trompons pas : ce sont eux les vedettes ! Quels animaux d’élevage pourraient se targuer d’avoir leur propre nom, et, pour les plus illustres, leurs statues à leur effigie qui décorent les places de nos communes taurines du sud pour honorer leur mémoire et leur combattivité ?

La course camarguaise incarne le respect, et même le culte de l’animal. Et si certains usages ont évolué et le feront encore, ce serait une grave erreur que de vouloir la faire disparaître et de remettre en cause les savoir-faire précieux de nos manadiers, pour qui la bouvine n’est pas juste un spectacle folklorique destiné aux touristes, mais bel et bien une manière de vivre et une identité charnelle. Continuer la lecture de « Bouvine : pour que vive le Taureau de Camargue ! »